La centrale hydroélectrique de Bongolo, située au cœur de la province de la Ngounié au Gabon, représente un remarquable exploit d’ingénierie, combinant durabilité, puissance et fiabilité. Érigé sur la rivière Louetsie, cet ouvrage impressionnant a une capacité de production électrique d’environ 5,5 mégawatts, assurant une production énergétique moyenne d’environ 24 gigawatts par an. Cette contribution joue un rôle significatif dans l’approvisionnement énergétique de la région.
Cet article vise l’exploration en profondeur de l’hydroélectricité au Gabon, en mettant particulièrement l’accent sur les implications environnementales d’une éventuelle transition vers cette source d’énergie. Deux questions cruciales émergent de cette étude. Premièrement, dans un contexte où la préservation de l’environnement devient impérative au sein de nos sociétés, quels seraient les impacts environnementaux d’une éventuelle transition hydroélectrique au Gabon ? Deuxièmement, en s’inspirant du principe de la dualité, quelles mesures pourraient être envisagées afin de réduire les impacts négatifs du développement de l’énergie hydroélectrique sur l’environnement au Gabon ?
ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES DE LA SITUATION DE L’HYDROELECTRICITE AU GABON
Le Gabon, situé en Afrique centrale, a largement exploité son potentiel hydroélectrique au fil des décennies en tirant parti de ses abondantes ressources naturelles, notamment l’eau. L’hydroélectricité est devenue un pilier essentiel de la production d’électricité, favorisant l’autosuffisance énergétique du pays et renforçant son engagement envers une production respectueuse de l’environnement. Le pays dispose actuellement de trois grands réseaux de transport d’électricité dont l’étendue est restreinte aux zones les plus peuplées, soit les Réseaux Interconnectés (RIC) de Libreville (composés des centrales de Tchimbélé et de Kinguélé sur le fleuve Mbei), de Franceville (les centrales de Grand Poubara, Poubara 1 et 2 sur le fleuve Ogooué) et de la Louetsie (la centrale de Bongolo sur la Louetsie).
Dans les décors verdoyants du Gabon, une richesse énergétique sous-exploitée réside : son potentiel hydroélectrique. Malgré les ressources hydriques abondantes, une part significative de cette puissance naturelle reste inexploitée, représentant un potentiel considérable encore à révéler. Plongeons dans les perspectives inexplorées de cette source d’énergie au Gabon.
La région de l’estuaire du Gabon, au Nord-Ouest du pays, s’étend de Libreville à Cocobeach, englobant les Monts de Cristal qui culminent à près de 1 000 mètres d’altitude. Les fortes précipitations combinées à un relief montagneux offrent un potentiel hydroélectrique significatif. Les Monts de Cristal sont drainés par trois fleuves principaux, Mbei et Komo, qui se dirigent vers l’estuaire, et Abanga, affluent coulant vers le sud dans l’Ogooué. Cet ensemble crée un contexte propice à l’exploitation hydroélectrique dans la région estuarienne du Gabon.
La province abritant le tronçon de l’Ogooué renferme des chutes exploitables telles que Booué et la Porte de l’Okanda, présentant un potentiel hydroélectrique exceptionnel au Gabon. Les Chutes de Booué et la Porte de l’Okanda sont les sites les plus prometteurs pour le développement de l’énergie hydraulique dans le pays. Une étude a également été menée pour aménager la Lolo, qui longe le cours inférieur de l’Ogooué. Notons que l’Ogooué est le plus grand fleuve du Gabon.
La Région de l’Est englobe les provinces de l’Ogooué-Lolo et du Haut-Ogooué, situées dans le sud-est du Gabon, avec Franceville comme principale agglomération. Le cours supérieur de l’Ogooué traverse cette région, offrant un potentiel hydroélectrique significatif grâce aux nombreuses chutes présentes le long du tronçon. Bien que la plupart de ces chutes soient de faible hauteur, à l’exception de la chute de Boutemba, le débit substantiel de l’Ogooué en aval de Franceville suggère un potentiel intéressant pour le développement énergétique.
La région de l’Ogooué-Maritime, couvrant la zone côtière de Port-Gentil à Gamba, est caractérisée par un relief plat et marécageux, avec la majorité du territoire à une altitude inférieure à 100 m. Aucun site hydroélectrique potentiel de plus de 5 mégawatts n’a été identifié en raison de la topographie. L’électrification des communes de la région dépendra donc de la création de lignes de transport et de la connexion à des réseaux existants. Certains sites de moins de 5 mégawatts ont été repérés par le passé, principalement pour l’électrification rurale des communes isolées, avec des mini-centrales construites sur de petits cours d’eau, leur viabilité économique reposant sur la comparaison des coûts de construction avec ceux du raccordement. Le Gabon, riche en ressources hydrauliques, a un potentiel hydroélectrique exceptionnel. Des politiques énergétiques réfléchies peuvent faire du pays une référence mondiale en énergie durable, répondant à la demande croissante tout en préservant l’environnement. L’hydroélectricité offre l’opportunité d’améliorer la vie des citoyens, assurant un accès fiable à l’électricité et stimulant la croissance économique. L’avenir prometteur dépend de décisions actuelles orientées vers un avenir plus propre, plus vert et plus prospère pour tous.nt au réseau existant.
LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX D’UNE POTENTIELLE TRANSITION HYDROELECTRIQUE AU GABON
La dépendance historique du pays aux énergies fossiles, telles que le pétrole et le charbon, engendre des problèmes environnementaux majeurs, notamment les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique. Face à ces préoccupations, l’énergie hydroélectrique se profile comme une alternative propre et durable, offrant la possibilité de préserver les écosystèmes de manière significative.
L’hydroélectricité tire sa puissance de l’eau, une ressource inépuisable, en en faisant l’une des sources d’énergie les plus propres et renouvelables au monde. Ses avantages significatifs incluent une faible émission de gaz à effet de serre, une fiabilité élevée et
une durabilité environnementale, en faisant une option attractive pour la production d’électricité. Elle utilise l’eau pour générer de l’électricité, profitant du cycle naturel de l’eau qui se renouvelle continuellement. Contrairement aux énergies fossiles, cette ressource aquatique, une fois utilisée dans la centrale, retourne à la nature, contribuant ainsi à un approvisionnement constant. Grâce à ce cycle de renouvellement, l’hydroélectricité n’émet pas de gaz à effet de serre, ne contribuant ni au réchauffement climatique ni à la pollution de l’air.
L’hydroélectricité offre une source d’énergie constante, les centrales pouvant assurer un approvisionnement électrique stable. Contrairement à d’autres sources, telles que l’énergie solaire ou éolienne, qui dépendent de ressources naturelles imprévisibles, la disponibilité continue de l’eau pour les centrales hydroélectriques en fait une solution fiable pour répondre aux besoins énergétiques des populations. La constance de l’hydroélectricité réduit la nécessité de stockage coûteux et polluants, tels que les batteries à durée de vie limitée. Les centrales hydroélectriques, avec leurs réservoirs intégrés, offrent un contrôle du flux d’eau dans les turbines, permettant une régulation de la production en fonction de la demande, éliminant ainsi le besoin de batteries de stockage.
Lorsqu’on évalue l’impact environnemental d’une installation hydroélectrique, cela englobe la biodiversité et les communautés locales. La construction de centrales hydroélectriques a un impact positif en créant des emplois pour les autochtones, nécessitant une main-d’œuvre importante tout au long du processus, de la planification à l’exploitation. Une fois construites, ces installations offrent des emplois permanents pour la maintenance, assurant une stabilité d’emploi bénéfique aux travailleurs locaux.
En synthèse, l’hydroélectricité est une source d’énergie verte et renouvelable, offrant des avantages environnementaux importants. Cependant, elle comporte également des aspects négatifs pour les écosystèmes, que nous examinerons dans la suite de notre article.
Le Gabon, engagé dans la recherche d’énergies propres et renouvelables, s’est tourné vers l’hydroélectricité. Cependant, derrière cette option durable, des préoccupations environnementales émergent, nécessitant une analyse approfondie. Nous explorerons les potentiels effets néfastes de l’hydroélectricité, mettant en évidence les conséquences sur la biodiversité, les écosystèmes terrestres et marins, ainsi que sur la vie des populations locales.
L’hydroélectricité peut perturber les écosystèmes aquatiques et terrestres en raison des réservoirs utilisés pour contrôler le flux d’eau, entraînant des modifications significatives de la biodiversité marine. Les variations de débit et de température de l’eau peuvent affecter les écosystèmes des rivières, perturbant leurs cycles habituels. Une augmentation du débit peut submerger et altérer des habitats, entraînant une perte de biodiversité, tandis qu’une diminution peut entraîner la disparition d’espèces endémiques incapables de s’adapter.
La construction d’un barrage hydroélectrique peut impacter la migration et la survie des poissons en obstruant leurs déplacements nécessaires pour changer d’habitat ou se reproduire, perturbant ainsi la chaîne alimentaire et influençant la croissance et la survie des espèces marines.
La construction d’installations hydroélectriques entraîne souvent une déforestation majeure, car les sites potentiels sont généralement recouverts d’écosystèmes forestiers. Ce processus nécessite la coupe d’arbres et une modification significative des terres, ayant des effets négatifs en induisant la perte d’habitats naturels pour la biodiversité locale. La déforestation libère également le carbone stocké dans l’atmosphère, contribuant ainsi aux émissions de gaz à effet de serre et au changement climatique.
Les projets hydroélectriques peuvent provoquer le déplacement forcé des communautés locales, entraînant la perte de terres, de foyers et de moyens de subsistance traditionnels. Les populations dépendant souvent des ressources naturelles, la déforestation et la modification des écosystèmes liées à la construction d’installations hydroélectriques peuvent compromettre ces éléments essentiels. Ces impacts sociaux et environnementaux soulignent la nécessité d’une gestion attentive des projets hydroélectriques pour minimiser les conséquences sur les populations locales et l’écosystème environnant.
L’énergie hydroélectrique peut impacter la santé des populations autochtones en favorisant la prolifération de maladies d’origine hydrique. Les barrages et réservoirs créés entraînent souvent la stagnation de l’eau, favorisant le développement de micro- organismes pathogènes et le rejet de contaminants provenant de la construction ou de l’entretien des installations. Cette contamination accroît le risque de maladies hydriques graves, telles que la diarrhée, le choléra et la dysenterie, pouvant entraîner des problèmes de santé sérieux, voire la mort. Cette pollution a des conséquences sur la biodiversité animale et végétale, tant terrestre qu’aquatique, perturbant l’équilibre des écosystèmes.
Enfin, les centrales hydroélectriques, notamment celles équipées de turbines et de générateurs de grande taille, génèrent des nuisances sonores importantes qui impactent négativement les communautés locales. Les bruits émis peuvent perturber la faune environnante, en affectant le comportement de la vie aquatique sensible aux vibrations et aux bruits, influençant la reproduction, la migration et l’alimentation. Cette nuisance sonore affecte également les résidents vivant à proximité, entraînant des problèmes de santé potentiels et des perturbations du sommeil.
Les impacts négatifs de l’hydroélectricité sur l’environnement constituent un défi majeur dans la planification des infrastructures hydroélectriques. Les recommandations à venir visent à atténuer ces effets néfastes, cherchant un équilibre entre le développement énergétique et le respect de l’environnement dans la poursuite du travail.
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE AU GABON : RECOMMANDATIONS POUR ATTENUER LES IMPACTS NEGATIFS SUR L’ENVIRONNEMENT
Le Gabon, comme de nombreux pays, cherche à développer l’hydroélectricité pour répondre à la demande croissante tout en envisageant la transition énergétique. Cependant, il est crucial de considérer les impacts environnementaux de cette démarche afin de réduire la dépendance aux énergies fossiles. Bien que la transition offre des avantages en fiabilité, elle comporte des conséquences négatives sur la biodiversité et les conditions de vie des populations locales. Des recommandations seront nécessaires pour atténuer ces effets, assurant ainsi que la transition hydroélectrique au Gabon soit synonyme de progrès durable et de bien-être pour la population.
Pour contrer l’altération des écosystèmes aquatiques et terrestres due aux barrages, il est crucial d’établir des débits réservés garantissant un écoulement minimal en aval.
Ces débits doivent refléter les conditions naturelles d’écoulement de l’eau pour préserver la santé des écosystèmes aquatiques. Une autre approche consiste à établir des zones tampons protégées le long des rivières, agissant comme des barrières pour prévenir l’érosion, filtrer les particules contaminées et fournir un habitat naturel à la faune environnante. La protection de ces zones joue un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité locale et de la qualité de l’eau. Pour atténuer la perte d’écosystèmes aquatiques, la mise en place d’un système de restauration écologique, y compris la réhabilitation des berges, est cruciale.
La création de passages à poissons est cruciale pour atténuer l’impact de la construction de barrages sur les animaux marins migrateurs. Ces dispositifs reproduisent les caractéristiques naturelles des rivières, facilitant le franchissement sans contraintes des installations par les poissons et permettant la poursuite de leurs migrations. Ces structures, généralement composées de bassins ou de paliers, favorisent la préservation de l’équilibre des écosystèmes aquatiques.
La déforestation, un effet majeur de la construction d’installations électriques, nécessite des actions pour contrer ce phénomène. Le reboisement et l’afforestation sont essentiels, impliquant la plantation d’arbres dans les zones impactées ou neutres pour compenser les dégâts et restaurer l’habitat naturel. Il est crucial de promouvoir une gestion durable des forêts dans les régions abritant des sites hydroélectriques, nécessitant une réglementation stricte conforme aux normes environnementales, avec des obligations pour la conservation de la biodiversité et la gestion durable des aires boisées.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment de méthane, provenant des centrales passe par la mise en place d’un plan de gestion de ces gaz. Des actions telles que la régulation des eaux dans les réservoirs, avec des relâchements périodiques pour diminuer la décomposition de la matière organique, peuvent être incluses. De plus, la gestion des sédiments organiques dans les réservoirs, une source potentielle d’émissions de méthane, constitue un autre volet essentiel du plan.
Pour les populations locales, un système de compensation et de réinstallation équitable est essentiel pour toutes les personnes affectées par la construction d’installations hydroélectriques. Une indemnisation appropriée pour la perte de terres et de biens est cruciale. Il est également vital d’impliquer les autochtones tout au long du processus de construction, favorisant leur participation aux décisions qui auront un impact sur leurs conditions de vie.
Pour contrer la propagation de maladies hydriques associées à l’hydroélectricité, un processus de traitement des eaux doit être mis en place dès la mise en fonctionnement du barrage. Ce processus inclut la désinfection, la filtration et un contrôle régulier de la qualité de l’eau destinée aux ménages, visant à rendre l’eau potable et exempte d’agents pathogènes, assurant ainsi la sécurité de l’environnement humain proche des installations.
L’installation hydroélectrique doit garantir une gestion appropriée des déchets provenant de la construction et de l’exploitation de la centrale pour éviter toute contamination des eaux et du sol. Cela implique la mise en place d’une procédure éco- responsable de tri, de collecte, de traitement et d’élimination des déchets.
Pour atténuer la nuisance sonore des centrales hydroélectriques sur les communautés locales et les écosystèmes proches, il est crucial d’intégrer des aspects acoustiques dans la conception du barrage. Des solutions incluent l’utilisation de turbines à faible bruit, de matériaux d’isolation acoustique, et la construction de bâtiments insonorisés pour les turbines ou les générateurs. L’adaptation des horaires de fonctionnement, limitant l’exploitation à des moments spécifiques pour minimiser l’impact sur les habitations proches, est également une approche viable.
Des évaluations approfondies des impacts avant l’implémentation des centrales, un suivi transparent avant, pendant et après la création des installations pour contrôler continuellement les impacts liés aux barrages hydroélectriques, et l’adoption de sanctions en cas de non-respect des lois en vigueur sont des éléments indispensables. Ils sont essentiels pour garantir qu’une transition hydroélectrique potentielle se réalise en respectant et préservant l’environnement.
Au Gabon, une potentielle transition hydroélectrique semble prometteuse grâce à ses abondantes ressources en eau, notamment avec des cours d’eau tels que l’Ogooué et ses affluents propices à l’implantation d’installations hydroélectriques. Les études récentes ont identifié un potentiel considérable dépassant les 10 000 mégawatts, offrant une opportunité significative pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. Cependant, le développement de l’hydroélectricité présente des conséquences sur l’environnement, affectant les écosystèmes locaux et les populations autochtones, comme observé à travers l’enquête à Bongolo. Les impacts négatifs incluent des altérations des écosystèmes aquatiques, la perte de biodiversité, la pollution de l’air et des perturbations pour les habitants locaux. Pour concilier développement énergétique et préservation de l’environnement, des mesures significatives doivent être mises en place pour atténuer ces effets néfastes, exigeant la participation active de toutes les parties impliquées dans une potentielle transition hydroélectrique.
En conclusion, le Gabon est encouragé à poursuivre de manière progressive le développement de sa filière hydroélectrique, en adoptant une approche éco-responsable. Une planification minutieuse, conforme aux normes environnementales internationales, ainsi qu’un système de suivi évaluation pour tous les projets hydroélectriques, sont essentiels pour exploiter durablement le vaste potentiel du pays dans ce secteur. Cela permettrait de préserver l’environnement et d’assurer le bien-être des populations locales à court, moyen et long terme.
Junias NZAMBA