Quelques minutes après, Mboubanda Bienvenu, voyant son codétenu dormir à sa place, n’a pas du tout apprécié cela. C’est ainsi qu’une rixe entre les deux est déclenchée.Comme dans un film de karaté, le chargé de la sécurité du 2ème quartier, Mboubanda Bienvenu, va taper un « Mawashi-geri » au niveau des côtes à Mouanda.
Mouanda s’écroule sous les regards des autres détenus. Il tente alors de se relever pour riposter. Mais visiblement, le chargé de la sécurité est plus fort, il assène un coup de tête fatal à Mouanda Gloire Emmanuel.Le coup de tête est violent… à tel point que la tête de Mouanda va percuter le mur. Mouanda passe de vie à trespa….
Pourquoi Mouanda Gloire Emmanuel a-t-il laissé sa place pour aller dormir à la place de Mboubanda Bienvenu ?
Tous les deux sont dans le même quartier (2ème quartier) , l’effectif de ce quartier serait de 500 prisonniers, dont 346 prévenus. Pour dormir dans ce quartier, les prisonniers sont obligés de faire des rotations. Par exemple : de 21h à 23h c’est le détenu X qui dort, de 23h à 1h du matin, c’est le détenu y qui dort …
Pour le cas de Mouanda Gloire Emmanuel : dans son bloc, il y a un matelas d’une place, et sur ce matelas d’une place ils dorment à 4. C’est pourquoi ils font la rotation pour dormir. En revanche, le chef de quartier et son équipe, le chargé de la discipline, de la sécurité et autres, bénéficient de meilleures conditions. Raison pour laquelle Mouanda a voulu profiter de meilleures conditions en allant dormir à la place de Mboubanda.
Aussi, pendant la bagarre, où était passé le chef de quartier ? Où était passé le chef de quartier adjoint ? Où était le chargé de discipline, le commandant de brigade, les éléments de la sécurité et les agents de la sécurité pénitentiaire pour séparer cette bagarre ?
En moins d’un an, ce quartier enregistre son 2ème décès dans des conditions tragiques, après celui de Thomas Glokpon début octobre 2021. Ce décès brutal met aussi au goût du jour le problème de la surpopulation carcérale, le manque d’infrastructures adéquates pour les détenus et la mauvaise gestion des prisonniers.
Comment comprendre que dans un quartier de 500 détenus, il n’y a que 144 personnes jugées ? Comment comprendre qu’un matelas d’une place soit réservé à 4 ou 5 détenus ? Comment comprendre que les détenus jugés pour des délits se retrouvent dans les mêmes quartiers que les détenus poursuivis pour crime ? Le bâtiment de la prison centrale de Libreville ne répond plus à la capacité d’accueil ni aux normes internationales des droits humains.
SOS Prisonniers Gabon adresse ses sincères condoléances à la famille de Mouanda Gloire Emmanuel. SOS Prisonniers Gabon, pour le respect des droits humains en milieu carcéral.”
SOS Prisonniers